L'enfant et le Sport
Grand est celui qui n'a pas perdu son cœur d'enfant Mencius)
Le sport joue un rôle important pour le bien-être et la santé de l’enfant. Il peut et devrait occuper une place importante durant la croissance. Des recherches indiquent que des programmes sportifs de qualité peuvent réduire l’incidence des troubles comportementaux et émotionnels chez les enfants.
Les « premières impressions » laissées par le sport chez votre enfant auront probablement une influence directe sur toute sa vie. Les enfants se rappellent les bonnes et les mauvaises impressions. S’ils vivent des expériences positives, ils seront davantage enclins à rester actifs toute leur vie. Au contraire, des expériences négatives trop nombreuses peuvent diminuer leur estime de soi et ils peuvent décider de s’éloigner du sport et même de toute forme d’activité physique.
Compte tenu de la tendance à la sédentarité chez les jeunes actuellement, il est d’autant plus important que les enfants reçoivent une première impression positive de l’activité physique grâce au sport.
Le SPORT doit apporter à l’enfant le sentiment d’être en sécurité, d’être compétent, d’appartenir à un groupe, d’être bienvenu, d’être important et d’être unique. De cette façon, l’enfant aura toutes les chances de devenir un « accro » du sport et s’y adonnera au détriment d’activités sociales négatives
Un Programme Sportif bien dirigé peut apporter à l’enfant de nombreuses aptitudes : l’amour de l’activité physique, la considération pour le franc-jeu, une meilleure forme physique, la fierté de la réalisation de soi, des habiletés sociales, des amis et des aptitudes sportives de base pour la vie.
Les Programmes :
Les enfants peuvent avoir du mal à négocier les succès et les échecs. Les programmes sportifs doivent pouvoir lui offrir tous les moyens de bâtir son estime de soi.
Des études menées par le « Youth Sports Institute » à l’Université de l’État du Michigan ont démontré que les jeunes pratiquent le sport pour dix grandes raisons, par ordre d'importance :
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Pour s’amuser.
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Pour améliorer leurs compétences.
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Pour se tenir en forme.
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Pour être bon dans quelque chose.
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Parce que c’est passionnant.
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Pour faire de l’exercice.
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Pour faire partie d’une équipe.
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Pour le défi.
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Pour acquérir de nouvelles compétences
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Pour gagner.
Les programmes sportifs plutôt axés sur l’acquisition d’habiletés que sur la victoire sont les plus appropriés pour les jeunes.
Les programmes axés sur la victoire avant tout favorisent généralement les enfants précoces au détriment des autres. Effectivement, la majorité des enfants précoces possèdent plus de tissu musculaire, ont les os plus longs, sont plus forts et affichent une meilleure coordination que ceux dont le développement physique est plus tardif.
Il est très important de comprendre que les enfants dont le développement est plus tardif ne seront pas nécessairement de moins bons sportifs dans l’avenir. Au contraire, leur période de croissance étant plus longue, leur taille une fois adultes sera supérieure en moyenne à celle des enfants précoces.
Certes, l’enfant qui commence à développer sa force avant l’âge de 12 ans est avantagé dans les sports de compétition avant la puberté. Mais lorsque les enfants plus tardifs connaissent leur poussée de croissance, qui se produit généralement entre 13 et 16 ans, ils peuvent devenir relativement plus forts et mieux développés comme athlètes. À ce stade, l’enfant précoce qui a connu beaucoup de succès avant la puberté peut avoir du mal à accepter ses échecs. Il s’agit là d’un problème sérieux.
Les enfants ne sont pas de « petits adultes ». Les jeunes super vedettes ne seront pas nécessairement les meilleurs athlètes une fois adultes.
Le Sport chez l’enfant : oui mais pas trop !
Le sport est devenu un véritable phénomène de société chez l'enfant. Ils sont de plus en plus nombreux à le pratiquer et de plus en plus tôt. Si le sport est nécessaire et bénéfique à l'enfant, tant sur le plan physique que psychologique, il est indispensable qu’il soit contrôlé et bien encadré. En effet, un surentraînement peut, à terme, être préjudiciable pour l'organisme, avec notamment des perturbations de la croissance.
Le sport est bénéfique à l'enfant :
Les enfants ont avant tout besoin d'extérioriser leur énergie dans un cadre ludique. L'activité sportive assure un développement harmonieux des muscles, permet une bonne statique vertébrale ou de l'améliorer si besoin est. Elle contribue également à lutter contre la sédentarité. Enfin, la pratique d'un sport permet à l'enfant d'acquérir très tôt une certaine hygiène de vie.
Les contre-indications à la pratique du sport sont très rares chez l'enfant :
Chez tout enfant qui pratique une activité sportive régulière, une visite médicale annuelle s'impose. Le médecin pratique un examen clinique complet, comprenant notamment la recherche d'un souffle cardiaque, d'une mauvaise posture de la colonne vertébrale, d'une anomalie des cartilages de croissance ou encore d'un problème pulmonaire.
Il faut savoir que les enfants atteints d'une maladie chronique peuvent faire du sport car celui-ci contribue alors à améliorer leur condition physique et surtout, le sport aidera à effacer les différences liées à la maladie et à valoriser l'enfant.
Bien évidemment, l'activité sportive doit être adaptée. Ainsi, un enfant asthmatique peut pratiquer tous les sports. Chez l'enfant diabétique, le sport fait partie du traitement.
Le sport doit être bien adapté à l'enfant :
L'enfant ne retirera de bénéfices que si le sport correspond bien à ses possibilités physiques et à ses envies. Il est très important de laisser l'enfant choisir le sport qu'il souhaite pratiquer.
Il n'existe pas un sport meilleur que l'autre, et imposer un sport à un enfant risque de conduire à un échec ou à un abandon, voire à une aversion définitive du sport..
Toute pratique sportive comporte des risques :
En dehors de l'accident imprévisible, un entraînement trop intense ou mal équilibré entraîne une souffrance de l'organisme. Souvent, le premier signal d’alarme est une douleur persistante. Dans d’autres cas, il peut s’agit d’une fatigue anormale, de problèmes de sommeil, d’un manque d’appétit ou de résultats scolaires en baisse.
A plus long terme, une pratique sportive trop importante ou mal adaptée peut entraîner des lésions des cartilages de croissance, qui peuvent se fissurer ou même se fracturer. Avant d'en arriver à ce stade, il est donc très important d'apprendre à l'enfant à reconnaître et à exprimer sa douleur, de façon à pouvoir adapter le rythme d'entraînement.
Le Geste Sportif et la Douleur Chez l’Enfant et l’Adolescent :
Un surentraînement ne se juge pas sur le nombre d'heures de pratique mais sur l'apparition d'une rupture d'équilibre dans l'un des domaines suivants: physiologie, cardio-respiratoire, orthopédie, scolarité, concentration, motivation, affectivité, sociabilité, alimentation et sommeil.
Chez l'adulte, l'os peut être comparé à un mur de béton dans lequel est scellée une ficelle (le tendon musculaire). Si cette ficelle est soumise à des tractions intenses, brutales et répétées, c'est elle qui souffrira : l'adulte aura une tendinite, une élongation ou un claquage. Par contre, chez l'organisme en croissance, l'os est assimilable à un mur de plâtre dans lequel est planté un clou (le cartilage) et sur lequel est fixée une ficelle (le tendon). Si l'ensemble est soumis aux mêmes tractions intenses et brutales, c'est le clou qui souffrira à des degrés divers (mobilité du « clou» et effritement du plâtre à son contact donnant des signes de morcellement, de fragmentation du cartilage voire d’arrachement).
Là où l’adulte aura une tendinite, l’enfant aura une ostéochondrose, c’est-à-dire un trouble de l’ossification de certains cartilages de croissance soumis à des efforts excessifs, brutaux et répétés, en tractions ou compressions. Les ostéochondroses représentent 80% des microtraumatismes de l’enfant.
Nous avons l'habitude d'expliquer aux enfants la signification de la douleur: "si tu ressens une douleur, c'est que le genou, se plaint. Il te dit: jusqu'à maintenant ça allait bien, mais là, c'est trop, tu me fais mal. Tu as alors 2 solutions :
- ou bien tu l'écoutes et, immédiatement, tu arrêtes, tu freines ou tu changes le geste que tu es en train de faire et qui fait mal (ce qui ne veut pas dire arrêter le sport)
- ou bien tu ne l'écoute pas et il va te le répéter de plus en plus fort, jusqu'au moment où il en aura assez et où il te diras: depuis le temps que je te dis que j'ai mal et tu ne m'écoutes pas, tant pis pour toi, je m'arrache" (avec les conséquences d'un arrêt sportif obligatoire de plusieurs semaines, de plusieurs mois ou même définitif)
S'il peut paraître logique d'avoir mal quand on fait des efforts importants, il n'en demeure pas moins que c'est tout à fait anormal. L'enfant n'est pas un adulte en miniature il n'en est que l'ébauche, c'est un organisme en constante évolution.
Les Règles de base sont :
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priorité aux activités variées en phase pré-pubertaire
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éviter les gestes nocifs ou stéréotypés
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pas de musculation excessive précoce
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pas de spécialisation sportive avant la puberté
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L'Entraînement et le Surentraînement chez les Jeunes :
L'entraînement des jeunes gens nécessite de bien connaître les caractéristiques et les fragilités d'un organisme en croissance et d'un état psychoaffectif parfois bouleversé.
Les différentes phases de pratique sportive :
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entre 5 et 10 ans, l’enfant nécessite une pratique qui accompagne le développement de la motricité et de la coordination des mouvements.
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Les pré-adolescents pratiquent ensuite un sport qui développe des qualités complètes : développement cardio-respiratoire, musculaire, stratégique et technique. Le travail permet l'apprentissage et le perfectionnement de certains gestes inhérents et spécifiques à un sport.
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Les adolescents, en fonction de l'ancienneté de leur pratique et de leurs capacités physiologiques, entrent dans la phase d’amélioration des performances.
Ces différentes phases interviennent à des âges civils différents mais surtout à des âges biologiques différents. Tous les enfants n'ont pas la même maturation au même âge.
Les effets du surentraînement sur le système cardio-respiratoire :
Le surentraînement entraîne des modifications cardiorespiratoires, notamment une augmentation du rythme cardiaque (tachycardie), une augmentation de la tension artérielle basale, un défaut de récupération après un effort voire des modifications de l'électrocardiogramme.
Les méfaits psychologiques du surentraînement :
Lors de surentraînement, la fatigue chronique s'installe. Elle engendre troubles du sommeil, troubles relationnels, diminution des performances scolaires…
Dans tous les cas la pratique sportive doit être effectuée sous les conseils d'un professionnel du sport, en étroite collaboration avec un médecin sportif. Les enfants présentent des particularités morphologiques et physiologiques qu'il ne faut pas négliger pour leur assurer un entraînement correct et permettre l'accroissement de leurs performances.
Stress en compétition
La tolérance psychologique de l’enfant à l’entraînement et à la compétition est un sujet important, peu pris en considération jusqu’à présent. Si les problèmes mécaniques sont en partie réglés par une prévention efficace, les difficultés psychologiques sont, elles, peu évaluées. Certains gestes observés sur le terrain (jet de matériel, crise de larmes) semblent indiquer que l’enfant a du mal à supporter la pression de la compétition.
D’après les experts, le stress psychologique est plus lié à l’influence parentale qu’à celle de l’entraîneur. Sachant que l’entraînement sportif risque de provoquer des douleurs musculaires, des blessures, voire une ostéochondrose, peut-on tolérer la douleur de l’enfant ? Certaines personnes trouvent normal de couvrir la douleur d’un Osgood-Schlatter par des antalgiques car il évolue sans complication. Ce n’est pas éthiquement tolérable d’autant qu’il n’y a qu’un pas à faire pour aboutir au dopage qui existe déjà à cet âge comme l’évoquent les enquêtes sur le dopage chez l’enfant en France.
L’ENFANT FACE AU DOPAGE
Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous avons peur, mais elles sont difficiles parce que nous avons peur. G. Cebron
Les motifs du DOPAGE retrouvés chez l’enfant sportif sont essentiellement la pression familiale ou de l’encadrement sportif, ou à l’inverse le désintéressement familial.
On y retrouve souvent un détournement de la notion du sens du sport vers la victoire coûte que coûte, vers « la gagne ». Cela se traduit très souvent par l’instauration d’un phénomène de surentraînement favorisé par la mauvaise structuration de l’encadrement sportif, une récupération insuffisante, des sollicitations physiques et psychologiques inadaptées, une mauvaise hygiène de vie (manque de sommeil, alimentation déséquilibrée…)
Il existe une vulnérabilité individuelle et un âge critique pouvant conduire à un comportement de dopage. L’adolescence est caractérisée par des bouleversements esthétiques et psychologiques en rapport avec des modifications hormonales importantes, ce qui peut expliquer l’utilisation de ces substances.
En conclusion, on peut considérer la période de l’enfance comme une période « clé » dans la lutte contre le comportement dopant. Il convient de sensibiliser l’ensemble des acteurs que constitue les dirigeants (les Clubs, les entraîneurs, l’encadrement médical, le pratiquant sportif, les sportifs de haut niveau, et surtout les parents).
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les dirigeants doivent permettre de placer l’être humain au centre de leur préoccupation,
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les entraîneurs doivent connaître chaque sportif et ses limites, et ainsi moduler l’entraînement et la récupération et participer à l’épanouissement du sportif sur le même plan que l’amélioration de sa technique et de ses performances,
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et enfin les parents doivent rechercher au travers du sport, une contribution au bonheur de leurs enfants, et non pas une projection d’eux même au travers de leurs exploits.
Mais ne dramatisons pas, il est en général plutôt question d’attitudes pouvant mener au dopage, d’accoutumance aux compléments alimentaires ou produits vitaminés engendrant une escalade infernale dans la consommation de ceux-ci. Nous retrouvons cette addiction chez beaucoup de jeunes pratiquant des sports dits « endurants ». Le problème devenant récurant dès lors que ces jeunes ne peuvent plus se passer de ces produits habituellement destinés aux adultes et pour de vraies épreuves d’endurance.
Quoi qu’il en soit, si l’épreuve est correctement adaptée, ces jeunes sportifs ne devraient en aucun cas avoir besoin d’une aide de ce type pour pouvoir « tenir sur la longueur » d’une épreuve quelle qu’elle soit, ni toute autre aide « coup de fouet ». Leurs épreuves sont adaptées en fonction de leur age et de leur niveau, et suffisamment courtes pour ne pas avoir besoin de recourir à ce type de complément qui du coup sera complètement inutile les concernant, mais qui pourra par contre avoir très vite un effet « d’addiction » chez ces jeunes sportifs fragiles.
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Et nous tous, parents, entraineurs, dirigeants, etc… ne devons surtout pas perdre de vue qu’un enfant, s’il a besoin de pratiquer le sport pour s’épanouir, doit impérativement avoir aussi du temps pour se reposer, et même « glander » , de s’ennuyer un peu, ou voire même de faire quelques bétises ! c’est vraiment nécessaire à son équilibre et à son développement, et il ne faut surtout pas l’oublier !
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« l’important n’est pas de participer ou de gagner, l’important est de savoir perdre »…
« ne faisons pas de nos enfants des champions, mais des sportifs équilibrés et heureux d’être sportifs»
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« Le dopage », dessiné par Anthony, jeune cycliste de 13 ans :